La désertification du Sahel, un processus qui reste à inverser.
A cette dégradation des sols causée par l’Homme, l’Homme peut aussi opposer une aggradation de ces sols, permettant ainsi à ces régions de revivre, comme certains peuples africains ont pu le faire par le passé, tels les Kabyé du Togo et les peuples du plateau Bamiléké au Cameroun. A l’instar de ces peuples, la Ferme pilote de Guiè a compilé et mis au point des techniques de reconquête des sols dégradés du Plateau Central au Burkina Faso. Vous pourrez découvrir ces techniques à travers le film Wégoubri.
Le principe repose tout d’abord sur la conservation de l’eau de la pluie et du sol. Ces deux éléments étant très liés, en voulant garder l’un, on garde aussi l’autre ! Et lorsque l’eau est gardée dans le champ, la verdure revient durablement.
Cette aggradation ou restauration des sols se fait en deux étapes:
La technique du ruissellement zéro ou conservation de l’eau pluviale et du sol de toute la parcelle; aucune goutte d’eau ne sort plus du champ par ruissellement : l’eau s’infiltre dans le sol et ne peut quitter le champ que par l’évapotranspiration du sol et des plantes. Cela se fait principalement par les diguettes en terre, les haies vives et les mares (confer la page « Aménagement bocager »)
La technique du zaï reprend le même principe mais au niveau de chaque mètre carré du champ en redynamisant la vie du sol par l’apport de compost mûr et la conservation de l’eau de la pluie exactement là où elle tombe.
Le Zaï est une technique traditionnelle de culture des céréales, originaire de la région nord-ouest du Burkina (Yatenga). Il s’agit d’une technique consistant à concentrer l’eau et les nutriments autour de la plante cultivée. Concrètement, cela se fait en creusant durant la saison sèche des trous de 30 cm de diamètre et de 15 à 20 cm de profondeur. Du compost bien mûr y est déposé et recouvert d’une petite quantité de terre au bord de laquelle on sèmera la céréale (mil, sorgho ou maïs) dès les pluies de Mai/Juin, souvent insuffisantes.
En localisant l’eau et le compost, cette technique permet de garantir l’implantation précoce des cultures qui profiteront ensuite pleinement de la mousson et résisteront aux poches de sécheresse. Le seul frein au développement du zaï est le manque de compost, auquel la pratique rationnelle de l’élevage permettrait de pallier.
Cette technique permet de récupérer une terre dégradée tout en en tirant une bonne récolte dés la première année. C’est aussi une assurance de récolter de quoi vivre, quels que soient les aléas climatiques.
Pour faciliter la mise en place du zaï, nous en avons mécanisé la préparation des sols par le passage d’un cultivateur lourd à sécurité non stop qui ouvre la terre, la vibre et permet ainsi également une bonne infiltration locale de l’eau pluviale. La restauration du sol acquise, elle se conserve par la mise en place d’une agriculture durable (confer la page « Agriculture durable »).