Un ouvrage d’entretiens sur l’historique du bocage sahélien.
Paru en septembre 2017 aux éditions CEM et réédité en 2023, le livre de Frédéric Baudin, Wégoubri : un bocage au Sahel, est consacré à des entretiens réalisés avec Henri Girard entre 2014 et 2016, couvrant les 30 ans de son parcours depuis son Avesnois natal, une région bocagère du nord de la France, jusqu’au développement des fermes pilotes bocagères au Burkina Faso.
Ce livre permet de mieux comprendre ce vaste projet de restauration de l’environnement sahélien.
Le livre est en vente directe sur le site de CEM : https://cemfrance.eu/wegoubri/
Prix 15 euros (+ frais d’envoi)
Contact : cem@cemfrance.eu
Pour commander le livre par votre libraire, imprimez le fichier WEGOUBRI FICHE LIBRAIRE et remettez-le-lui !
Le livre est disponible en version numérique francophone au format Kindle sur Amazon à ce lien : https://tinyurl.com/yhhe9ez5
Our book on the history of the Sahelian Bocage, published in 2017 and republished in 2023, is available online at the following link with a digital version in English in Kindle format on Amazon at this link: https://tinyurl.com/mr3j3m47
Le livre est disponible à Ouagadougou, au niveau de «La Librairie du Développement», au prix de 9’000 Fcfa (livraison possible dans Ouaga à 1’000 Fcfa).
La librairie est située près de la Gare de l’Est (route de Fada) ; en venant du centre-ville, tourner sur le goudron à droite après la station SHELL, puis à 100 mètres sur la gauche, devant le bâtiment à étage de l’APENF.
Contact : +(226) 76 66 72 19 / Mme Habiba SIDIBE
En prenant le temps qu’il faut pour connaître les gens, les écouter et essayer leurs outils, Henri Girard a compris qu’il était possible de planter au Sahel des arbres et des arbustes capables, pour peu qu’on les protège, de produire en quelques années des haies bocagères.
Les champs ainsi enclos sont cultivés en suivant une technique mise patiemment au point avec les paysans burkinabè, qui ont vu leurs rendements croître et s’éloigner le spectre de la malnutrition.
Un exemple incontournable pour « reverdir le désert » !
Dominique Soltner, agronome et auteur
Préface de Frédéric Héran :
Le projet de développement agricole et rural, porté par Henri Girard et son équipe dans une dizaine de villages situés à 60 km au nord de Ouagadougou (Burkina Faso), mérite bien ce livre, tant ses aspects sont multiples et d’une richesse considérable. J’ai eu l’occasion de rencontrer Henri fin 1989, au tout début de cette aventure, et je mesure aujourd’hui les progrès accomplis et l’originalité de la démarche.
L’approche est d’abord systémique. De nombreux projets se contentent d’apporter une aide ponctuelle en creusant quelques puits, en créant un dispensaire médical ou en ouvrant une école, à charge ensuite aux habitants de trouver seuls des solutions pour maintenir en état ces investissements et résoudre leurs autres difficultés. L’objectif est ici beaucoup plus ambitieux et néanmoins réaliste. Il s’agit d’améliorer peu à peu et durablement les conditions de vie d’une communauté de villages en commençant par son cadre de vie menacé de désertification, puis en s’intéressant à la formation des populations, à la santé des adultes comme des enfants, à leur accès à l’eau potable, à l’aménagement des routes, à la plantation d’arbres… Chacune des actions menées renforce toutes les autres.
La ferme pilote installée dans le village de Guiè constitue le cœur du projet. Elle repose sur un travail d’expérimentation remarquable. Avec rigueur et pragmatisme, cette ferme explore toutes les techniques permettant d’élaborer un système agroécologique capable de retenir l’eau et d’enrichir les sols, afin d’améliorer durablement les rendements. D’innombrables techniques ont été testées : composts, paillages, réservoirs, diguettes, arbustes pour haies vives et bien sûr une grande variété de plantes. Le résultat prend la forme d’un bocage sahélien préservant les sols des excès de la pluie, du vent et du soleil et protégeant les cultures de la divagation des animaux. Une pépinière produisant des milliers de plants chaque année constitue un des outils les plus efficaces.
La formation est un autre pilier du projet. Elle permet de lui associer des générations successives de jeunes paysans et de leur ouvrir des horizons nouveaux. L’apprentissage repose sur une alternance classique et ô combien efficace entre des cours théoriques à l’Ecole du bocage, dans la ferme pilote, et une application immédiate sur le terrain. La construction de bâtiments a aussi permis d’améliorer fortement les conditions d’étude, y compris pour l’enseignement général en école primaire et au collège.
La santé est vite apparue comme un enjeu crucial. Non seulement pour les adultes soumis aux maladies endémiques, mais aussi pour les enfants souvent malnutris et leurs mères en détresse. Marthe, la femme d’Henri, a su répondre à cette demande avec efficacité et professionnalisme en ouvrant un centre destiné à ces populations. Elle s’occupe aussi plus largement de tous les aspects sociaux.
Enfin, le développement durable prend ici tout son sens. Respect total de l’environnement, en bannissant les pesticides, de toute façon bien trop chers, et en restaurant les sols. Développement économique en multipliant par deux à quatre les rendements dans les périmètres bocagers. Et développement social en améliorant les conditions de vie et le niveau de formation de la population.
C’est dire combien ce projet s’inscrit dans la longue durée. Lancé très modestement à la fin des années 1980, il n’a cessé depuis lors de progresser, malgré d’innombrables aléas, notamment climatiques. Il est toujours en développement et a pris une dimension respectable. Ces dernières années, trois fermes pilotes ont été créées dans le nord du Burkina, un grand nombre de personnes travaillent chaque jour sur les quatre sites. Que de progrès accomplis en 30 ans !
Un tel projet est aussi, on l’aura compris, une aventure humaine exceptionnelle. Rien de spectaculaire pour autant. Henri Girard fait simplement preuve de beaucoup de curiosité, d’un grand sens du contact, d’une ténacité certaine, d’un bon sens de l’organisation et surtout d’une humanité sereine. Un parcours scolaire limité, mais une envie d’apprendre sur le tas, puis au contact des meilleurs spécialistes de l’agroécologie. Avec une qualité rare : ne jamais se satisfaire des avancées réalisées, toujours progresser pas à pas.
Ainsi, il a su peu à peu fédérer un nombre impressionnant de bonnes volontés : d’abord les habitants de Guiè et des villages alentours et leurs chefs coutumiers, les autorités burkinabè qui ont vite repéré ce foyer d’innovations, certains chercheurs qui suivent avec intérêt ses expériences et un grand nombre de financeurs fidèles. À tous, il a su expliquer sans relâche son travail en diversifiant les moyens de communication : conférences au ton tranquille, dossiers parfaitement montés, nouvelles régulières très pédagogiques, site Internet lumineux, échanges toujours riches.
Concrètement, les résultats sont là. En visitant Guiè à 25 ans d’intervalle, je découvre un paysage métamorphosé. Des chemins ont été tracés, des dizaines de milliers d’arbres plantés, des centaines d’hectares de périmètres bocagers réalisés, de nombreux bâtiments agricoles et des équipements publics construits. L’équipe qui dirige la ferme pilote est compétente et motivée. Des centaines de paysans améliorent leurs cultures. La formation et la santé de la population sont meilleures. Le projet essaime dans le pays. Certes, tout cela ne va pas sans difficultés, mais la dynamique est bien lancée.
Frédéric Héran, économiste et urbaniste, enseignant-chercheur émérite à l’Université de Lille